Eden by night

Ah Eden, la ville merveilleuse, la demeure des anges, le refuge des perfections d'Onyria. Un couple d'amoureux bras dessus bras dessous terminait une promenade romantique sur les bords de la cité.

" Le sourire de l'ange, tiens, il y a un bar ici chéri.
Oui ma chérie, il faudra qu'on y passe un de ces soirs, ça à l'air d'être un endroit charmant et tran..."

L'ange ne finit jamais sa phrase parce qu'a ce moment la il reçut en pleine figure un olibrius de 120 kilos qui venait de traverser la fenêtre de l'endroit tranquille en question.

La porte s'ouvrit en claquant et deux autres individus allèrent rejoindre leur camarade à terre. Il s’avérait qu'en fait l'endroit en sus-mentionné était en pleine ébriété et que celle ci avait conduit à ce que le vocabulaire littéraire désignait sous l'élégant terme de "baston généra". Le maître d’œuvre du conflit, un grand blond du nom de Julian se tenait juché sur une table une chopine à la main et frappait à grand coup de botte dans le visage les multiples assaillants qui tentaient de le déloger de sa position.

"Vous appelez ça des guerriers anges ? Moi j’appelle ça des angellettes en jupons ! De toute façon les seuls vrais guerriers de cette ville ce sont les manieurs d'armes. Pas vrai les gars ?!"

Cessant un instant leur travail de massacre ses compagnons de professions qui n'avaient l'avantage que du talent face à la foule des simples miliciens lui répondirent en gueulant un son non référencé dans les annales du grand vocabulaire signifiant des êtres et des autres choses.

"Vos mères étaient des lesbiennes les pouilleux !"

Les fils de lesbiennes finirent par renverser la table et l'ange qui virevoltait dessus tomba lourdement sur le sol. Se relevant d'un bond il asséna un coup de tête sur son agresseur le plus proche.

"Ma chopine co**** !"

Aussitôt une pluie de coup s'abattit de nouveau sur lui l'obligeant à reculer contre le comptoir. Elle ne cessa que lorsque ses camarades vinrent à son secours repoussant les autres anges vers l'entrée du bar. Un silence lourd de tension entre les deux camps se mis en place, chacun jaugeant l'adversaire qu'il avait en face de lui.

Julian essuya sa lèvre ensanglanté puis d'un cri il ordonna la charge et se lança à corps perdu dans la mêlée angélique y mettant toute la force d'un ange ivre. Le dirigeant de l'établissement qui avait osé un instant passé un oeil furtif au dessus de son comptoir y retourna, la bataille n'était pas prête de se terminer. Les amoureux faisant preuve de la même lucidité s'étaient enfui depuis belle lurette.

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Ah Eden, ville merveilleuse, demeure des anges et refuge de la perfection d'Onyria. Dommage que tous le monde ne soient pas capable d'apprécier la beauté des lieux sans créer des troubles en ville. Lorsque l'on servait dans les guerriers du soleil peu importait la tâche car il n'y avait de sotte mission pour le bien de la nation. Aussi Keilh n'était il pas énervé parce qu'un guerrier de son talent devait s'occuper d'une tâche presque ingrate. Keilh était énervé parce que une bande d'irresponsable allez encore déshonorer leur noble race.

Ils étaient trois à marcher dans la rue. Tous les regardaient, mais nul n'osaient croiser leurs regard. Leur pas réguliers raisonnaient sur les pavés tandis qu'ils s'approchaient de l'établissement peu vertueux. Le bâtiment n'était pas bien compliqué à identifier, le bruit qui en sortait donné l'impression d'être dans une ville humaine. Le calme de la douce Eden en était troublé et cela ne pouvait être permis.

Dès lors qu'ils les voyaient, les anges irresponsables cessaient de vouloir retourner dans la taverne, et se dépêchaient de retourner dans l'ombre. Les guerriers ne s'occupaient guère des fuyards, c'est le rétablissement du calme qui les intéressaient nullement la capture de prisonnier.

A l'intérieur on aurait presque pus croire à une guerre civile. Keilh regarda ses camarades, ils avaient l'habitude de ce genre de situation, il leur était inutile de parler pour savoir ce qu'ils avaient à faire.

Le chevalier entra le premier, ouvrant la porte avec fracas.

"Cet établissement semble avoir oublié la civilisation depuis quelques heures. La citée d'Eden serait reconnaissante aux personnes présentes de se rappeler la dignité qui est la leur."

Son bouclier doré était accroché dans son dos, et son épée battait sur son flanc. Il n'y avait pas besoin d'arme pour résoudre ce genre de problème, seulement d'un peu de présence. Nul n'avait envie de se mettre les combattants sacrée de la cité à dos, et c'était une bonne idée.

Keilh n'avait pas besoin de crier, il n'en avait de toute façon pas envie. Seul les paysans pensaient qu'on avait besoin de crier pour se faire obéir. Les bras croisaient, toisant les ivrognes, les trois anges attendirent leur réaction.

La scène se figea et les visages angéliques se tournèrent vers les gardiens de la civilisation. Une rumeur de contrition passa dans l'assemblée, il semblait que l'on s'était un peu laissé aller. Doucement chacun desserra son étreinte sur le cou de son voisin s'excusant mollement de son comportement fort peu édénique. Chacun ? Non, un ange résistait encore et toujours aux forces de l'ordre. Ce redressant de nouveau et se frottant la crâne il saisit une choppe de bière miraculeusement intacte.

"Quoi ?! C'est déjà finit ?!"

Julian joua du coude pour se frayer un chemin vers les guerriers du soleil que tout le monde fixaient désormais avec appréhension.

"Oh, on a du grand monde cette nuit. Parfait, parfait, messieurs déposez vos armes et préparez vous à un entrainement de haute volée."

Titubant, visiblement inconscient d'être le dernier à avoir envie de cogner sur ses camarades il se plaça devant Keihl et pris une garde nettement trop haute.

"Allez les lucioles, faut mériter son titre !"

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Un léger sourire passa sur le visage de l'ange lorsqu'ils vit tous les bagarreurs cesser de s'agiter comme des sauvages. Attendant qu'ils récupèrent un peu de la maigre dignité qu'ils leur restaient il hocha ensuite la tête en signe de contentement. Il n'y aurait pas de trop lourde sanction ce soir....

Cependant Keilh c'était réjouit un peu trop vite car l'un des anges ne savaient visiblement pas quand s'arrêter. C'était à n'en pas douter cet homme l'investigateur de tous ce raffut. Il existait de par ce monde bien des êtres prêt à suivre un meneur, ou un causeur de trouble, pourvu qu'il les harangue un peu.

Toisant l'individu ivre du regard, il le détailla tranquillement, sans s'occuper de ses gesticulations. L'alcool l'avait visiblement transformé en combattant suicidaire et dénué de talent, si tant est qu'il en eut avant. Laissant échapper un soupire, il fini par s'adresser plutôt à la foule.

"Messieurs les dégâts de cet établissement sont de votre fait, tout comme le dérangement que vous avez causé à la capitale. Nul crime ne saurait rester impuni aussi mes camarades se feront un plaisir de vous voir les un après les autres pour vos amendes respectives. Vous sortirez en file indienne, payerez puis rentrerez chez vous. Dès demain j'espère que vous serez redevenu les modèles de vertus que nous attendons de notre race."

Lui resterait ici pour s'assurer qu'il n'y ait pas de resquilleur, et pas d'autres problèmes.

Un oiseau de nuit s'envola du sommet de l'écriteau le faisant grincer et provoquant des maux de têtes à ceux qui savaient déjà que demain serait difficile. La servante profitant du calme revenu commença à ranger soulagée les bris de verre et de bois qui jonchaient le sol.

Keihl fit son discours sans s'occuper de l'ange devant lui. Les buveurs inclinèrent la tête conscient de devoir obéir à l'autorité morale qu'il représentait. Un murmure passa dans l'assemblée tandis que le mot amende sortait de la bouche de l'ange de loi. Beaucoup d'entre eux allaient subir le courroux de leurs conjointes ce soir et être privé de sortie durant la prochaine décennie, surtout si en plus ils devaient toucher au portefeuille familial. Le seul visage souriant en dehors des ivres morts était celui de l'aubergiste qui allait sans doute pouvoir récupérer un petit bonus pour les dommages moraux infligé à son établissement.

Julian lui n'avait pas bougé toujours prés à l'action, mais le manque de mouvement de son adversaire lui fit penser un bref instant qu'il était devenu invisible. Ce pouvait il qu'une malédiction se soit abattu sur lui ? Était il mort ? Le gardien de l'ordre en face était il aveugle ? Toutes ces questions s’entrechoquèrent dans l'esprit de l'homme ivre. Par conséquent la réaction qu'il eut ne fut pas vraiment étonnante puisque il devait désormais vérifier son existence. Un directe du gauche, le droit étant occupé par la choppe, fusa en direction du grand brûlé.

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A peine le guerrier solaire se retourna il, qu'il vit un poing voler vers sa mâchoire. Le coup fit s'entrechoquer ses dents, et il recula un peu. Kailh avait vu des coups plus rudes dans sa vie, mais la surprise le figea quelques secondes. Il était rare qu'un ange ose porter la main sur un guerrier du soleil. Non seulement ils étaient les protecteurs de leur peuple, mais aussi la vengeance des guerriers sur quiconque osaient contester leur autorité était en général sans pitié.

Jouer avec eux revenait à jouer avec un lion déchainé, et certaines personnes allaient bientôt l'apprendre à leur dépend. Levant la main pour empêcher ses camarades de venir l'aider, il leur parla, sans toutefois détacher les yeux de son adversaire.

"Occupez vous des amendes, je me charge de lui rappeler qui nous sommes."

Dévisageant une nouvelle fois, mais sans sourire cette fois, le meneur d'homme, il imagina qu'elle serait la punition qu'il lui infligerait. L'état d'ébriété avancé joué en sa faveur, il aurait probablement le droit de garder ses dents.

"Nous sommes l'Eden et la loi. Nul ne nous provoque sans en payer le prix. Consoles toi en te disant que tu seras plus sage d'ici ton réveil...."

Rapidement et sans fioriture, il feinta un coup de poing à droite, avant d'envoyer son genoux dans l'estomac de l'alcoolique.

Julian ouvrit grand ses yeux, sont coup avait porté. Il existait, il n'était ni maudit, ni mort. Un sourire béat se dessina sur son visage. Ce qu'il ne comprit pas en revanche c'est l’intérêt que mis Kheil à lui prouver de nouveau son existence. Il ne songea déjà pas à parer la feinte alors le coup de genoux...Un bruit de choc mat brisa le silence qui régnait désormais dans la taverne.

Julian tourna des yeux, eut un hoquet, rota et s'effondra à terre sous les rires des anciens camarades de bagarres désormais acquis à l'autre côté.

"Z'êtes ..agé, murmura-t-il la face contre le parquet."

L'ange ivre eu un dernier soubresaut avant de s'évanouir. Une demi-minute plus tard des ronflement glissait le long de son larynx pour s'échapper par sa bouche.

Les derniers anges se mirent en rang face aux gardes, un peu déçus que le spectacle n'ai pas duré aussi longtemps qu'ils l'avaient espérés, mais rassuré que le talent des guerriers du soleil soient toujours aussi efficace. On pouvait rigoler un peu, mais pas avec n'importe qui. Il en faisait toujours trop de toute façon. Puis on le reverrai demain en pleine forme, une nuit au cachot ne lui ferait sans doute pas de mal. Au final il l'avait bien cherché sa rouste le Julian.

Dans ses rêves un ange apprenait à voler à deux éléphants roses.

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Le guerrier s'écroula plus vite qu'il ne l'aurait crut, au grand désespoirs de Keilh. L'ange avait prévu de lui faire regretter ses actes avant qu'il ne touche terre, mais il avait surestimé son adversaire. Maintenant qu'il gisait au sol, l'honneur du chevalier lui interdisait de continuer le combat. Et bien tant pis, faute d'être rousté l'ivrogne passerait la nuit en cellule, ça lui ferait le plus grand bien. Demain son amende serait surement plus élevée que celle des autres, lorsqu'on ne pouvait attaquer l'honneur on attaquait la bourse.

Laissant pour le moment le meneur suicidaire au sol, il vérifia que personne ne tentait de resquillait dans la taverne. Visiblement les guerriers du soleil avaient assez de prestance pour éviter cela, et c'était une bonne chose. Les anges fautifs payèrent leur amende à tour de rôle, sortant petit à petit de l'établissement. Keilh en profita pour discuter avec le propriétaire essayant de savoir comment la bagarre avait pus commencer. Mais visiblement le tavernier avait remarqué l'échauffourée que lorsque les meubles avaient commencés à voler.

Lorsque tous le monde eut quitté l'établissement, notre ange récupéra le dormeur, qui gisait toujours sur le sol. Passant l'un de ses bras par dessus son coup, il eut une vague grimace devant l'odeur d'alcool qui se dégageait de son fardeau. L'individu pesait un bon poids, mais ce n'était rien pour un guerrier du soleil.

Keilh le traina, escorté par ses camarades jusqu'aux cellules. Elles étaient propre, lavé quotidiennement, et la paille était encore fraiche. Les anges avaient trop d'honneur pour oser mettre leurs frères dans d'immondes bauges, à l'inverse des humains. Puis ces cellules avaient pour vocation de retenir les alcooliques un peu trop imbibés, et les voleurs d'opérettes. La nuit n'avait par ailleurs pas ramené beaucoup d'autre prisonnier. Juste un gamin, qui dormait dans un coin. La température de la pièce était presque acceptable, malgré son dallage en granit, aussi le chevalier n'eut guère de scrupule à laisser son boulet dormir amène le sol. S'asseyant sur une des chaises des gardes, il se délesta de ses armes et dormit un peu en attendant que l'ivrogne se réveil.

Un rayon de soleil traversa la fenêtre de la cellule et alla chatouiller le visage de l'ange encore endormi. Il eut un petit rire suivit d'un murmure.

"Non, pas ici..."

Un oiseau se posa finalement prés de son lieu de repos et se mit à gazouiller avec allégresse. Julian ouvrit un œil puis un second. C'était décidément sympathique d'avoir songé à la coucher sur de la paille, même si son généreux protecteur aurait put prendre en compte la création du lit dans l'actualité des découvertes historiques. Baillant et passant une main sur son visage il tenta de rassembler les fragments épars de la veille. Boissons, bagarre, bastion.

"Hein, Bastion !"

Le guerrier se releva promptement pour constater qu'en effet il n'était pas du tout dans la douce étable d'une jolie paysanne mais en prison dans la forteresse angélique d'Eden. Une grimace tordit son visage, mais elle disparu dés qu'il s'aperçut qu'il n'était pas seul et que son adversaire d'hier se trouvait de l'autre côté des barreaux. Il détailla Kheil un instant, musclé, mystérieux, charismatique, un chef né cachant une blessure partiellement visible mais sans doute plus profonde qu'il ne le semblait, le genre d'individu qui s'ennuie tout le temps mais ne le sait pas, oui, on allait sans doute pouvoir faire quelque chose de lui.

Julian s'étira avant de se diriger vers la porte de la cellule d'un pas joyeux. Aprés des semaines de recherche le projet H allez peut être pouvoir commencer. Il ne suffisait plus que de le convaincre.

"Bonjour officier, entonna-t-il d'un ton où perçait une pointe d'excitation. Tout d'abord, je m'excuse pour les désagrément de la veille, mais laissons le passé au passé et occupons nous du présent.
Je suis en train de travailler sur une mission de la plus haute importance et si vous m'assistez dans ce projet nous pourrons peut être changer la nature du monde angélique."

L'ange reprit sa respiration brièvement cherchant ses mots puis retourna à la charge.

"En fait, j'ai besoin que vous soyez mon modèle, car j'ai crut déceler hier en vous toutes les qualités qui font la grandeur de la nation angélique. Des qualités dont vous semblez être la parfaite quintessence et que j'ai longtemps recherché. Pour tout vous dire, je commence même à croire que notre rencontre n'est pas le fruit du hasard."

Le prisonnier eut un franc sourire.

"Alors, ça vous tente ?"

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Lors de son réveil Keilh put constater que l'alcoolique n'avait visiblement pas encore reprit connaissance. Aussi se contenta il de détailler du regard la cellule d'un oeil morne en attendant le retour parmi les êtres conscients de son prisonnier.

L'ange fini par revenir à la vie de la même façon qu'il l'avait quitté, bruyamment. Le cri arracha le guerrier du soleil de sa méditation. Il en profita pour se redresser un peu, attendant que le prisonnier daigne le remarquer. Il n'eut pas longtemps à patienter, puisque son interlocuteur se lança dans un grand monologue.

Le chevalier appréciait les compliments, et il lui semblait que l'ivrogne lui en faisait. Néanmoins venant d'un tel individu les compliments pouvaient ne pas en être et l'hypocrisie était le quotidien d'un gardien de cellule. Keilh écouta pourtant attentivement la tirade. Certains mots réveillaient son orgueil et d'autre l'amour de sa patrie, quand bien même il n'était pas ange à tout quitter pour suivre un semi-crétin.

"Je crois que la coutume veut que l'on se présente avant de demander un service à quelqu'un. Je suis Keilh chevalier solaire et vous êtes ici plus ou moins chez moi. J'ai tendance a espérer être un ange à la hauteur de ma nation, et vos compliments me vont droit au coeur.

Cependant je n'ai cure des volontés du destin, et je croise des gens voulant sauver la nation angélique bien des fois. Aussi plutôt que d'essayer de baratiner, je vous suggère de m'expliquer pourquoi vous étiez ivre hier soir, pourquoi vous avez déclenché une bagarre de taverne et par la même pourquoi vous avez tenté d'attaqué un garde de l'Eden.

Nous pourrons ensuite envisager les conséquences de vos actes...."

"Hum, "les conséquences de mes actes", c'est une bagarre de bar qui laissera un bon souvenir à plein de gens, vous voyez le mauvais côté des choses vous. Remarquez c'est peut être un peu ça être homme de loi."

L'ange s'adossa aux barreaux de la cellule.

"Votre maison est un peu comme vous, elle manque d'ouverture. C'est l'inverse de ce qui c'est produit hier, de ce qui a permis notre rencontre. Pas d'ivresse, pas de combat, pas de garde, pas de ..."

Julian grimaça l'image d'un choc violent submergeant un instant son esprit.

"Bref, hum, maintenant vous savez pourquoi chevalier Kheil."

Le porteur d'arme se tourna vers le chevalier solaire.

"Pour continuer sur une aussi bonne voix je me présente, Julian, ange de mon état et associé régulier à la protection de notre cité. Vous avez sans doute déjà entendu suffisamment de chose sur moi pour que je n'ajoute pas à mon portrait quelque remarque qui le ternirait par mon manque avéré de modestie."

Une courbette termina la présentation puis l'ange se redressa et baissant la voix il colla presque son visage aux barreaux de la cage.

"Quand au destin c'est un mot qui cache beaucoup d'autre chose et qui ici remplace sans doute... une mission confié par nos maître à tous, la fin de la phrase n'était plus qu'un sifflement entre parmi les bruits de la ville."

Julian se mit à arpenter sa prison, se grattant la barbe à la recherche de ses mots. Après quelques secondes d'infructueux essai son visage s'illumina et levant son index vers les cieux il se tourna de nouveau vers le geôlier.

"Sans doute pensez vous désormais que je suis un fou. C'est un risque à prendre je n'en doute pas. Mais vous expliquer ma mission en détail risquerait de la compromettre. Donc permettez moi de ne pas vous l'expliquer entièrement en commençant comme ceci. Où allez vous ?"

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Keilh avait beau être un bon soldat, il n'en était pas moins dépourvu d'un soupçons d'intelligence, c'est pourquoi les propos de Julian le firent sourire.

"Vous avez une bonne rhétorique, comme la plupart des individus qui vous ressemblent. Lorsque les idées sont floues et peu attrayante, il faut bien trouver autre chose pour pousser les anges à la corruptions je suppose."

Le guerrier solaire se leva sur sa dernière tirade, et commença à marcher le long de la grille d'acier qui le séparait de son interlocuteur.

"Peut être suis je obtus et étroit d'esprit. A vrai dire je ne pense pas qu'il s'agisse d'une qualité ou d'un défaut. Celui qui ne voit que le bon chemin à suivre est plus dur à dévier que les autres....mais celui qui c'est contenté de toujours arpenter le chemin de la déchéance ne pourra pas se sauver seul.

Puisque nous en sommes aux compliments je vous préviendrai que vous êtes dans le second cas. Peut m'importe d'être obtus car j'ai ma place dans la citée volante auprès de mon peuple. Vous par contre vous ne suivez pas nos lois, ni nos règles. Vous semblez penser que c'est la normal et que ""les règles sont fait pour être violées"" (il cracha sa citation un air de dégout sur le visage), et bien il n'y aurait pas de règles dans ce cas."

Il s'arrêta de marcher et son regard se fixa sur Julian, qu'il détailla tranquillement, essayant de savoir si l'ange l'écoutait quelque peu.

"Vous n'êtes pas fou Julian, vous êtes trop intelligent. Vous êtes un petit malin qui se plait à détruire ces règles qui sont la base même de notre société. Si vous voulez vivre dans le chaos, vivez chez les Hommes. Je pense que vous en serez plus heureux et qu'Eden ne s'en portera que mieux."

Le chevalier soupira légèrement, parler autant il n'en avait pas l'habitude. Une chance pour lui les gens comme ce Julian n'étaient pas assez courant pour qu'il connaisse le discours à leur tenir par cœur. Il fini par se rappeler qu'il n'avait pas répondu à la question du guerrier. Une question qui semblait totalement ridicule, mais qu'il soupçonnait d'être surtout, pour l'instant, hors de sa compréhension.

"Ou vais-je....la ou me porteront mes missions. Je vais pour défendre mon peuple du danger jusqu'à ce que le danger me tue. C'est un chemin glorieux que peu emprunte, mais qui est nécessaire à la pérennité de notre peuple."

Julian éclata de rire.

""Le chemin de la corruption et de la décadence", pour une bagarre dans un bar. Heureusement que je ne suis pas un meurtrier, votre poésie aurait alors sans doute pulvérisée la galaxie dans son entier."

Reprenant son souffle il se rassit dans la paille et écouta jusqu'au bout le guerrier solaire ne quittant plus son sourire caractéristique.

"Vivre chez les hommes et une idée que me tenterait bien si je n'étais pas attaché à ma nation au moins autant que toi. Quand à cracher sur les lois je te trouve bien dur à mon égard. Ce qui m’amène à penser que je n'aurais sans doute pas pus trouver un ange meilleur que toi pour m’accompagner dans ma mission."

Julian se dressa d'un bond, de nouveau emporté par le flot de ses paroles et l'excitation que faisait naître en lui sa "mission".

"Tu as parlé de pérennité de notre peuple. Je pense comprendre qu'en sus de ta gloire c'est quelque chose qui te tiens à cœur non ?"

Le porteur d'arme regarda à gauche et à droite vérifiant que personne n'était dans le coin.

"Alors maintenant essaye de comprendre que cela me tiens à cœur autant qu'à toi, mais que contrairement à toi je connais certaine chose qui mettent sérieusement en doute cette pérennité. Bien sûr aucun monstre géant ne va venir manger Eden dans les trois prochains jours, mais j'ai peur qu'un fléau bien plus dangereux ne nous guette. Un fléau contre lequel tu ne pourras rien faire soldat même pas mourir dignement, et contre lequel ton ordre ne pourra rien, mais il ravagera la nation angélique plus sûrement que la peste ne dévore les humains. C'est un fléau sans nom, qui grandit dans nos ombres."

Julian s'écarta de nouveau des barreaux de sa cage.

"J'ai passé plus d'un siècle à poursuivre mon enquête qui est devenu une quête avec le temps. Une quête parce que après avoir trouvé des réponses il n'y avait pas de solution. Aujourd'hui j'ai peut être une solution pour sauver nos frères, elle passe par toi je n'en doute plus désormais. Mais pour la réussir nous devons aller au cœur de son mystère, à la surface d'Onyria. Je ne t'en dirait pas plus pour le moment, tu ne comprendras pas en quelques secondes ce qu'il ma fallut cent ans à appréhender et tu sais déjà ce que tu dois savoir, où nous allons et pourquoi."

L'ange laissa couler quelques secondes durant lesquelles il détailla la vue fort agréable que l'on avait d'une cité volante, même en prison.

"Bien sûr nous en revenons toujours à ma folie, à ma décadence et ma perversité intrinsèque. A moins que je ne sois ni fou, ni décadent, mais juste un peu plus excentrique que la moyenne pour reprendre les termes de nos compatriotes. Un peu plus excentrique et nettement plus intelligent d’après toi. Reste à savoir si j'ai raison où tord. Si j'ai tord tu ne perdras pas plus d'un mois. Si j'ai raison, tu sauveras ton peuple. Mais je suis Julian, le porteur d'arme, je combattais déjà pour les anges que tu était encore à téter le sein de ta mère et ne crois pas que je me dérange souvent sans raison guerrier."

Messages : 29 Date d'inscription : 08/12/2011

L'expression de Keilh passa de amusée, à indécise, pour finir par devenir attentive, durant le discours du combattant. L'ange était convaincu que le prisonnier n'était pas fou, les fous ne se comportaient pas ainsi et n'avaient pas une vision aussi lucide du monde. Pour parler avec autant d'ardeur d'un sujet il fallait y croire réellement. Et s'il n'était pas fou alors un danger devait vraiment menacer la nation angélique. Passant une main dans ses cheveux, déjà en bataille le guerrier soupira.

"Ma foi vous n'avez peut être pas tout a fait tord....."

A vrai dire le chevalier était assez embêté. S'il existait vraiment une menace que ni lui ni ces frères ne connaissaient alors lorsqu'elle se révèlerait la honte couvrirait leur rang. Quand bien même il n'existait aucune menace dont ils ne puissent venir à bout. Puis si quelqu'un devait sauver ses frères d'armes de l'opprobre il n'y avait pas de raison qu'il ne s'agisse pas de lui. Faire quelques pas à la surface, voilà qui n'aurait pas raison de sa peau. Bien au contraire il y gagnerait encore en expérience pour servir au mieux son peuple.

Faisant demi-tour il se tourna vers la table et récupéra les clés de la cellule dans un bruit métallique.

"Pour pouvoir partir en mission avec vous il va me falloir l'accord de mes supérieurs. Et si vos propos ont put me convaincre ils n'auront aucune influence sur eux tant que vous ne serez pas plus précis dans votre menace. Aussi il serait raisonnable que vous vous expliquiez un peu mieux.

Je ne saurais trop vous conseiller de vous préparer aussi a payer l'amende salée qui sera la votre....voyez ça comme le dut du destin si ca vous amuse."

Un léger sourire sur le visage il tourna la ouvrit la lourde porte d'acier de la cellule.

"Une fois l'amende acquittée vous serez un ange libre."

Kheil semblait désormais convaincu, la partie la plus difficile était donc désormais faite. Le porteur laissa le portier faire son travail, puis il prit une petite bourse en cuir attachée à sa ceinture et en déversa le contenu dans sa main.

"Hum, 25 pièce d'or, j’espère que ça vous suffira parce que je n'ai pas plus."

Il tandis sa main pleine vers le guerrier solaire acceptant stoïquement le sacrifice que ce dernier lui imposait.

"Payer je peux, en revanche convaincre tes officiers ce n'est pas de mon ressort. Tu peux aller demander le droit de faire ton devoir, mais ça ne me concerne pas. Tes supérieurs ne m'intéresse pas, c'est de Kheil dont j'ai besoin pour cette mission. Dit leurs qu'on a vu un dragon vers l'Est et que tu t'en vas vérifier, où que tu dois prendre deux mois de vacance, peut importe puisque à ton retour cela n'auras plus guère d’intérêt."

L'ange tapota amicalement l'épaule de son camarade. Sans doute aurait-il put l'aider, mais il fallait que Kheil s'attache à son départ, qu'il quitte sa ville et sa garnison de son propre chef, qu'il parte, qu'il oublie et qu'il revienne avec toute la force de son voyage. Ensuite, Eden changerait de visage, si ils réussissaient.

"Je récupère mon arme puis je t'attendrais au port demain à l'aube. Inutile de demander un cheval, nous voyagerons à pied."

Messages : 29 Date d'inscription : 08/12/2011

Le chevalier solaire n'était pas tout à fait sur que la scène qui venait de se jouer, et à laquelle il avait prit part presque malgré lui, se soit déroulée comme elle l'aurait dut. Mais un engagement était un engagement et il serait présent demain au port, pour sa nation et pour ses frères.

Rangeant l'argent dans la bourse libre dont il disposait il rumina quelque chose sur l'idée de marcher à pied alors qu'on aurait put se déplacer plus vite puis remonta vers les bureaux ne s'occupant plus de l'ancien prisonnier.

Assis sur un banc, une feuille de papier vierge devant lui et une plume en or dans la mains Keilh essayait de formuler au mieux son départ. Il ne s'inquiétait pas plus que cela de sa nouvelle mission, son père était son supérieur et ce dernier saurait se montrer compréhensif. Néanmoins il n'avait aucune envie de le décevoir, même pour un temps, aussi voulait il être le plus convaincant possible. L'ange n'écrivait pas très bien, il préférait de loin lire, et c'était jusque la cantonné à la rédaction de rapport et de procès verbaux. Un fin soupire glissa entre ses lèvres puis il posa la plume sur la surface blanche et commença à rédiger.

"Père,

Il est bien rare que je vous écrive, mais je n'ai guère le temps de vous chercher et j'en suis navré. J'aurais aimé que nous parlions longuement à voix haute les mots me semblant bien plus persuasif lorsqu'ils sont dictés. Je me contenterai d'essayer d'être le plus clair possible et vous laisserez rendre le jugement que vous dictera votre sagesse.

Je sers sous vos ordres depuis 20 ans et dans l'ordre solaire depuis 24 ans. L'un de nos premiers cours fut d'apprendre à discerner la vérité du mensonge, à cela vous savez que je ne suis pas médiocre. Aussi lorsque je vous parlerai du discours d'un certain ange je veux que vous soyez conscient qu'il dit la vérité. La vérité est une chose bien relative, mais d'où qu'elle vienne elle mérite l'attention.

Cet ange est plus âgé que moi mais peut être guère plus sage. Cependant il m'a parlé d'une menace pesant sur Eden et notre peuple. Refusant de m'en dire plus il m'a sommé de le rejoindre si je voulais protéger les miens. Vous savez qu'il ne m'est rien de plus chère que la protection de mes frères et l'honneur de notre ordre. Aussi j'ai décidé de céder à sa demande et de l'accompagner.

Je ne sais ou nous nous rendons et je ne sais quand nous en reviendrons. J'espère que cela sera utile aux nôtres, dans le cas contraire je ferai en sorte que ca me soit utile à moi. Vous êtes plus sage que moi et je m'en remet donc à vous pour décider si vous m'autorisez ou non à partir en mission.

Si vous refusez mon départ en temps que soldat, alors veuillez considérer que je prend ici les 20 ans de permission que je n'ai jamais pris.

Je reste à jamais votre fils dévoué.

Keilh chevalier solaire."

Laissant la lettre sur le bureau de son père, l'ange prit son épée, à la lame noire comme la nuit et à la garde brillante comme une étoile, posa son bouclier, scintillant comme le soleil, sur son dos, et partit en direction du port. Il passerait la nuit à méditer sur ce qui l'attendait et au matin partirait accomplir sa quête.

» D'Eden à ?
» Eden, le retour !